Avant-propos | Foreword

Laurent L. Vaillancourt au MAVOF

par | by  Yves M. Larocque (Ph.D.)

Au pays des grandes rivières de la vaste région du Nord-Est ontarien, il existe des êtres rares dont la persévérance dans la mission qu’ils ont choisie mérite d’être soulignée. Laurent Léopold Vaillancourt en est un. Il persévère dans son devoir de sensibiliser sa communauté à l’importance des grands enjeux mondiaux par l’art contemporain. C’est pour cette raison que le Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario (BRAVO) lui consacre cette rétrospective au Musée des arts visuels de l’Ontario francophone (mavof.org).

Vaillancourt choisit. Il choisit de demeurer dans sa jungle septentrionale parsemée de quelques villages ou hameaux. Il choisit les défis de l’art conceptuel et de sa présentation en milieu géographiquement isolé. Il choisit de sillonner les routes de l’Ontario pour faire savoir qu’existe bel et bien un art autre que celui qui est habituellement associé à l’Ontario français. C’est ce qui lui vaut le prestigieux prix du Nouvel-Ontario et la bourse Chalmers du Conseil des arts de l’Ontario.

Tous ses choix nietzschéens font en sorte que Vaillancourt vit comme une œuvre d’art, et il en est conscient. Il incarne l’art ! Ses nombreuses performances en font foi. Un jour, il est l’implorante Juliette, ou le misérable Josh, ou la dépouille du simple Gustave Lechange qui sera exposé à Sudbury sur les planches, à la manière de jadis. On le voit, il affectionne le théâtre. Ne jouons-nous pas tous dans le grand théâtre de la vie ? Laurent Vaillancourt trouve des objets, il les préserve et il attend… patiemment. Beaucoup plus tard, il les ensache ou les encapsule, puis il les montre recontextualisés. À la fois héritier de « l’hérétique » Marcel Duchamp (ready-made) et du provocateur Fred Forest (art sociologique), tantôt il crée des machines à transformer le corps, tantôt, comme performeur, il s’insère dans la vie même des communautés pour leur faire comprendre que tout est matière à création artistique. Ses œuvres sociologiques sont même à l’avant-garde des réseaux sociaux. Il tisse des liens.

Ses tout premiers dessins en perspective, réussis à 13 ans, l’amèneront à faire partie du collectif Perspective 8, et l’orienteront plus tard vers une pratique artistique qui demeure exemplaire, dont l’un des buts est de révéler au peuple franco-ontarien, le sien, les nombreuses perspectives qui peuvent exister. L’œuvre de Laurent Vaillancourt met en scène des objets oubliés et des personnes emportées par le vent, comme Josh, Juliette et Gustave. Cette œuvre n’est-elle pas représentative de ce qu’il est, un artiste abandonné, non pas par sa propre culture, mais par l’Art-World d’un Ontario anglophone, encore fermé à ce qui se crée en français dans cette province ? Et pourtant, Laurent Vaillancourt sillonne sa province, s’introduit à Paris, London, Copenhagen, Zurich, Brussels, Alexandria, villes et villages de l’Ontario méridional anglophone. Il deviendra même président de CARFAC Ontario. Les « deux solitudes » persistent, dans le Nord et dans le Sud. Malgré tout, Laurent Vaillancourt poursuit son ouvrage de tisserand, et BRAVO continue à l’accompagner, à son métier.

Je remercie sincèrement Gabrielle-Louise Noël de nous avoir transmis son mémoire de maîtrise (Université York de Toronto), qui a grandement inspiré le présent catalogue. Sans elle, l’exposition n’aurait pas vu le jour. Je remercie aussi le Conseil des arts de l’Ontario pour son généreux soutien à la production artistique actuelle des artistes francophones, qui a aussi contribué à la réalisation de l’exposition. Je remercie celles qui ont collaboré de près ou de loin au catalogue, notamment Dominique Leduc et Marion Bordier. Maintenant, c’est au tour des grandes institutions muséales de l’Ontario de se rendre compte qu’il se pratique en Ontario un art contemporain francophone, surtout dans ce qu’on appelle le Nouvel-Ontario. À quand le ralliement des deux Ontario pour une reconnaissance intégrale dans le milieu de l’art contemporain ?

In Northeastern Ontario, the land of great rivers, some people are on a mission and deserve to be in the spotlight. Laurent Léopold Vaillancourt is one of them. Through contemporary art, he keeps reminding his community that major global issues are important, hence this retrospective by BRAVO (bravoart.org) at the Musée des arts visuels de l’Ontario français (mavof.org).

Vaillancourt makes choices. He makes the choice to live in his northern jungle dotted with only a few villages and hamlets. He makes the choice to face the challenges of conceptual art and how it will be received in remote areas. He takes the road in Ontario to show another kind of art than the one usually associated with Franco-Ontarians. This has earned him the prestigious Prix du Nouvel-Ontario and the Chalmers Grant from the Ontario Arts Council.

All of his Nietzschean choices make Vaillancourt live like a work of art and he knows it. He is art! His many performances show it. One day, he is the imploring Juliet or the miserable Josh or the mere remains of Gustave Lechange laid to rest in the traditional way, in Sudbury. His strong inclination towards the theatre shows. Aren’t we all actors in the great theatre of life? Laurent Vaillancourt finds objects, keeps them and waits patiently. Much later, he bags them up or encapsulates them and shows them in a totally different context. Being an heir to the “heretic” Marcel Duchamp (ready-made) and to the provocative Fred Forest (sociological art), he creates “wearables” to transform the body, or as a performer, he introduces himself into communities to make it clear that art stems from anything. His sociological artworks are even precursors to social networks. He weaves relationships.

His first successful perspective drawings at the young age of 13 will lead him to be part of the artist collective Perspective 8. Later, his art will keep as a goal to make his own Franco-Ontarian community understand that many perspectives may exist. Laurent Vaillancourt’s work features forgotten objects and people carried away by the wind of life, like Josh, Juliette and Gustave. Is this lifetime achievement not representative of what he is, an artist abandoned, not by his own culture, but by Ontario’s art-world, an English-speaking Ontario, still hermetic to what is being created in French in this province? And yet, Laurent Vaillancourt criss-crosses his province, introduces himself to Paris, London, Copenhagen, Zurich, Brussels, Alexandria, towns and villages of English-speaking southern Ontario. He will even become president of CARFAC Ontario. The “two solitudes” persist, in the North and in the South. Nevertheless, Laurent Vaillancourt keeps weaving, and BRAVO keeps standing by him at his loom.

I sincerely thank Gabrielle-Louise Noël for sending me her Master’s thesis (York University, Toronto), which has greatly inspired this catalogue. Without it, the exhibition would not have seen the light of day. I also thank the Ontario Arts Council for its generous support of the current artistic production of Francophone artists, who also contributed to the realization of the exhibition. I thank those who collaborated closely or from afar with the catalogue, notably Dominique Leduc and Marion Bordier. Now it will be the turn of Ontario’s major museum institutions to realize that there is a contemporary francophone art scene in Ontario, especially in what is called the “Nouvel-Ontario”, the “New Ontario”. And up to this day, the question remains: when will the two Ontarios come together for full recognition in the contemporary art world?

Début de l’exposition, ci-dessous

Le catalogue de l'exposition

Copyright © 2020 Édition BRAVO (Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario), Ottawa, Ontario, Canada. www.bravoart.org www.mavof.org (800) 611-4789

ISBN 978-1-9995627-1-7

Laurent L. Vaillancourt, À la confluence de l’art conceptuel et d’un nouvel Ontario par Gabrielle-Louise Noël augmenté par Yves M. Larocque. Traduction de l’anglais : Laurent Vaillancourt a Contemporary Francophone Artist in a Changing Ontario (mémoire de maîtrise, Université York, Toronto). Traduction Dominique Leduc, Marion Bordier, Yves M. Larocque et Geoffrey Gurd. Mise en page Walk the Arts. Imprimé à Gatineau (QC) au Canada par lmprimerie du Progrès.

Catalogue disponible à Commandez ici https://www.blurb.com/b/9863814-laurent-vaillancourt-la-confluence-de-l-art-concep

Bibliographie

MAVOF

Le MAVOF - Musée des arts visuels de l’Ontario français voit le jour en 2006. Il est l’unique musée sur les arts visuels et médiatiques des artistes francophones de la province de l’Ontario au Canada.

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